Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

immobile et toute blanche, et se détachant sur le ciel, elle était là. Elle était là, celle à qui je pensais sans cesse sans me l’avouer ! Celle pour qui j’étais resté dans l’île, et pour qui peut-être j’y étais venu, celle que j’avais à peine entrevue une minute, que je n’avais point approchée, à qui jamais je n’avais parlé, et que j’aimais…

Je n’avais pas bougé. Je m’étais retourné vers la mer que je regardais avec égarement, je poussais des soupirs, j’étais en proie à un grand trouble. Je la sentais derrière moi et elle me regardait silencieusement. Enfin je posai ma palette sur ma boîte. Je me levai et m’élançai. Poussé par une force inconnue, je crus que j’allais tomber à genoux comme devant une Vierge… Cependant elle était devant moi, me dominant, et telle que sur un socle. Les bras levés avec extase, je la contemplais. Je découvrais son visage qui était merveilleusement beau, et dans lequel, tout de suite,