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L’Empereur y consent, et pourvoira à ma dépense ici ; ainsi, voilà déjà un surcroît de revenu. Je te recommande, ma bonne Albine, de te méfier de toi en économie. Si je passe les bornes en dépense, lu les passe quelquefois en trop de sagesse. Tu dois ne pas oublier que, seule, sans mari, il te faut une certaine représentation pour conserver ton rang : le monde ne vaut pas mieux que cela. Il partira cette semaine plusieurs bâtiments pour l’Angleterre ; je t’écrirai par tous. Ne manque aucune occasion de me donner de tes nouvelles. Adieu, Albine chérie, que j’aime plus que la vie. Embrasse mes enfants. A toi, tout à toi, pour toujours.

CHARLES.

Bertrand pense à toi ; te répondra bientôt.




Longwood, le 7 juillet 1819.

Cinq jours se sont écoulés depuis ton départ, mon Albine chérie, et chaque fois je sens plus vivement le besoin de toi, de mes enfants ; leur tapage, leurs cris me manquent ; je voudrais entendre, dans ces éternelles nuits, ma Lili[1] m’appeler. Ma vie est régulière comme celle d’un cénobite ; je déjeune

  1. Sa fille Napoléone, née en 1816.