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M. Barry[1] à la comtesse de Motholon


Londres, le 4 juillet 1821.

Ah ! ma chère Madame, les persécuteurs de l’illustre victime ont enfin rassassié leur vengeance. Rien ne reste du grand Napoléon que le souvenir de son (sic) grandeur et de ses malheurs. Le 5 du mois passé, cette auguste personne a rendu son dernier soupir à six heures du soir, après une longue maladie qu’il a supporté avec la fortitude et l’équanimité profixe à lui seul (sic). Il était sensible jusqu’au dernier moment et a donné des ordres relatifs à ses affaires et à son enterrement avec la plus grande tranquillité et sang-froid. Son corps a été enseveli dans un endroit qu’il a choisi lui-même, à ce que l’on m’assure, quelques jours avant son décès. Les agens du gouvernement mandent qu’il est mort d’un cancer de l’estomac, mais j’ai raisons de croire qu’il était affligé aussi d’un abscès du fois. Cette nouvelle effrayante est venu ici par le Rosario, bricq de guerre, le capitaine de lequel (sic) a vu le corps inanimé du grand captif avant son départ. Ah ! Madame, vous aurez besoin de tout votre courage et de tous les efforts de la religion pour supporter cette affliction. Le temps me presse et je ne puis plus que de

  1. Secrétaire, croit-on, de lord Bathurst.