Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/17

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découvrir « les délices du Saint-Esprit » ? Tu dois te figurer ma stupéfaction. Malheureusement mes supplications ont été inutiles. Il avait été convenu qu’on nous rendait au monde pour les épreuves à subir, force nous fut donc, hélas ! de livrer aux regards impudiques ce que notre vénérable supérieure nous avait si nettement enjoint de dissimuler.

Je descendis au salon les larmes aux yeux. Il me parut que Louise et Juliette n’étaient point si torturées que moi. Elles riaient, causaient même, sans s’apercevoir que leur corsage dévoilait des choses à épouvanter. On les pria de chanter et de valser, et elles s’exécutèrent très-gracieusement.

Le souper arriva. Non, te dire ce que j’ai vu de femmes étalant superbement ce que je m’efforçais de faire disparaître dans mon corsage est impossible. Quand on pense qu’elles profanaient ainsi d’une façon cynique ce qui n’a été créé que pour être becqueté par la colombe céleste !