Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/20

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train de rire et de danser. Demain, à six heures et demie, je me lèverai et je céderai la place au premier qui se présentera. Mieux vaut cela que de monter seule là-haut où j’aurais vraiment peur.

Je me déshabillai lentement, l’ouïe caressée lointainement de certaine valse de Strauss qui donne envie de se manger de caresses à soi tout seul. J’avais, vois-tu, ma belle, l’âme chaude comme un matin de juin ; et quand je m’agenouillai pour implorer du Seigneur la grâce de celles que la vertu d’intransigeance ne remplissait pas, je me demandai, en me relevant et en serrant mon crucifix aux maigres petits membres étendus, si je ne devais jamais avoir d’autres bras pendus à mon cou que ceux-là.

Comme j’entrais dans un de ces grands lits à la Le Nôtre que tu connais, en récitant une dernière action de grâces, figure-toi ma surprise en découvrant le vicomte de Juvisy, debout du côté de la ruelle, en vêtements de bal.