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Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V2.djvu/28

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sentier aboutissant à la plantation d’Ali. Au bout d’un quart d’heure de marche, je regardai ces murs en rocaille dans lesquels sommeillaient ces mystérieuses houris, objet de sollicitudes si ardentes. Sans gouvernante et sans femme de chambre, je ne me dissimulai pas que je faisais là une grave infraction à l’étiquette. Mais j’allais, j’allais toujours, attirée par le singulier aspect de cette construction dans laquelle je savais que des femmes attendaient d’une minute à l’autre l’exécution d’une mesure barbare.

— Quand on pense, me disais-je, que si je n’étais pas là, ces malheureuses expieraient cruellement une œillade ou un geste imprudents !

J’en arrivais à une très-haute opinion de ma petite personne. À soi seule déranger les projets d’un despote comme le Sultan : il y avait de quoi s’enorgueillir.

Tout en réfléchissant, je ne m’apercevais pas qu’on m’examinait à travers le treillis d’un moucharabieh ; un bruit de voix me fit lever la tête ; des pas résonnèrent à