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de lichtfield.

La chanoinesse avoit fait planter ce bosquet dans le temps de sa belle passion malheureuse. Le chiffre du perfide chambellan étoit tracé de sa main sur l’écorce des jeunes arbres ; toujours elle avoit conservé de la prédilection pour cet endroit, témoin de sa tendresse. Caroline l’aimoit aussi, parce que l’ombre et la fraîcheur y attiroient les oiseaux ; et, l’été précédent, elle y avoit passé de délicieux momens avec sa bonne amie.

Ce fut donc au fond de cet asile qu’elle voulut élever le monument de sa tendre amitié. Elle mit son père dans sa confidence. Il s’y prêta volontiers, et lui envoya tous les ouvriers nécessaires à son projet. Une porte qui s’ouvroit précisément là sur la route, lui donna la facilité de les faire entrer sans qu’ils fussent aperçus du château. Elle étoit trop aimée des gens de la maison pour craindre leur indiscrétion ; et la chanoinesse, toujours dans son appartement, ne se douta de rien.