Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
de lichtfield.

Son ignorance totale de toute autre espèce d’affection tournoit au profit de l’amitié ; et cette âme aimante, ne connoissant encore d’autre objet d’attachement que son unique amie, avoit concentré sur elle seule toute sa sensibilité, que la crainte de la perdre avoit encore animée.

Caroline étoit d’ailleurs dans l’âge où le génie se développe, et où l’esprit et l’imagination ont un feu, une activité qui demandent de l’aliment. Indépendamment du plaisir qu’elle préparoit à son amie, elle en eut beaucoup pour son propre compte à faire construire ce petit édifice. C’étoit en quelque sorte créer. Chaque idée nouvelle étoit une vraie jouissance, et l’exécution et l’effet lui causoient des transports de joie incroyables. Jamais peut-être Caroline ne fut plus heureuse que pendant cette douce occupation. Elle l’a dit souvent depuis, et n’a jamais revu ce monument sans émotion.