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de lichtfield.

et désirant d’être seule, prétexta un mal de tête, et se retira plus tôt qu’à ordinaire.

« Il n’est donc point mon voisin de campagne, dit-elle en soupirant ; il m’a donc trompée, et sans doute je ne le reverrai plus. Allons, il faut l’oublier, n’y plus penser du tout. » Mais, comme dit Montcrif, en songeant qu’il faut qu’on l’oublie, on s’en souvient.

Tout en se confirmant dans sa belle résolution, elle s’endormit en se rappelant chaque trait et chaque parole de celui qu’elle vouloit oublier. Sans doute le projet de n’y plus penser, fut la première idée qu’elle eut à son réveil. Elle se leva, bien décidée à ne point aller au pavillon de toute la matinée. L’habitude en étoit si forte, qu’elle eut de la peine à la surmonter ; cependant elle en vint à bout. Elle s’occupa de son parterre, de sa volière, de sa broderie, se répétant toujours à chaque instant : il n’y faut plus penser ; et regardant souvent du côté du pavillon.