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de lichtfield.

croire le connoître. Mais quelle différence de l’ardeur tumultueuse qu’il avoit éprouvée, à ce sentiment tendre et profond dont il étoit pénétré pour Caroline ! Heureux de la voir, de l’entendre, de vivre avec elle dans cette douce familiarité que le séjour de la campagne autorise, il ne désiroit pas pour le moment d’autre bonheur. Si quelquefois dans leurs tête-à-tête, que la promenade, la musique et les infirmités de la baronne rendoient assez fréquens, il avoit été sur le point de se trahir et de risquer l’aveu de ses sentimens, une sorte de timidité et de respect, suite ordinaire du véritable amour, l’avoit toujours retenu. Caroline se confioit à lui avec tant d’innocence et de sécurité ; il voyoit si bien qu’elle ne lisoit ni dans son cœur ni dans le sien propre, qu’il auroit regardé comme un crime de troubler cette heureuse ignorance, avant l’instant où lui-même seroit libre de décider de son sort ; et peut-être, hélas ! n’étoit-il guère plus