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libre que Caroline. D’ailleurs à quoi lui auroit servi cet aveu ? À savoir qu’il étoit aimé autant qu’il aimoit ? Il n’en doutoit pas un instant ; et quand les hommes n’auroient pas là-dessus le tact tout aussi sûr que les femmes, Caroline étoit trop franche, elle connoissoit trop peu l’art de dissimuler, pour savoir cacher ses sentimens. Elle seule ne s’en doutoit pas encore : ils étoient voilés dans son cœur sous le nom de l’amitié. Elle croyoit aimer Lindorf comme on aimeroit un frère ; s’applaudissoit de trouver chaque jour de nouvelles raisons de l’aimer davantage, et n’imaginoit pas qu’un attachement aussi pur pût porter la moindre atteinte à des liens qu’elle respectoit, mais qu’elle éloignoit toujours de plus en plus de sa pensée.

Eh ! dans quel moment auroit-elle pu s’en occuper ? Tant que Lindorf étoit là, et il y étoit souvent, on ne pensoit qu’à lui seul au monde. Dès qu’il n’y étoit plus, on ne pensoit en-