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caroline

cruelle ambition à laquelle il a toujours sacrifié. »

Cette conversation, ce triste retour sur elle-même, l’amenèrent tout naturellement à penser au comte et à son union avec lui. L’absence de Lindorf, la certitude de ne pas le voir de toute la journée, avoient disposé dès le matin son âme à l’abattement et à la langueur. Elle alla promener le soir son ennui et sa mélancolie dans les jardins, où ses sombres idées la suivirent et l’accompagnèrent ; celle du comte surtout la tourmentoit. Malgré tous ses efforts pour l’éloigner et s’occuper d’autre chose, elle y revenoit toujours. Quelques feuilles des arbres déjà jaunes et tombées lui rappelèrent que l’automne approchoit ; et son cœur se serra douloureusement ; un poids énorme sembloit l’accabler.

Quoi ! le voilà déjà passé cet été, le plus beau, le plus heureux de ma vie ? Il s’est écoulé comme un instant, et il ne reviendra plus ; non, il n’y