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caroline

Il s’arrêta sur les lèvres de Caroline ; elle vouloit et ne pouvoit l’articuler.

Lindorf, prévenu, continuoit à interprêter ce silence en sa faveur, à l’attribuer à la modestie, à l’embarras, à la timidité ; et, voulant enfin la vaincre et la forcer à parler, il se leva précipitamment, courut à son chapeau qu’il avoit posé sur le clavecin : Chère Caroline, dit-il en le prenant, je n’ai pas un instant à perdre quand il s’agit d’assurer mon bonheur. Je n’exige plus un aveu qui paroît trop vous coûter ; mais si vous ne me défendez pas de partir, je vole à l’instant à Berlin, et j’en reviens bientôt, je l’espère, avec le droit de le demander. Alors, Caroline effrayée, rassemblant toutes ses forces, court à lui : Qu’allez-vous faire, Lindorf ? vous ne savez pas… apprenez… — Quoi donc ? — Un secret. — Quel secret ? Parlez, Caroline, vous me faites mourir. — Eh bien, je suis… — Vous êtes ? — Mariée… »