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caroline

Elle attendit une demi-heure, qui lui parut un siècle, et pendant laquelle elle ouvrit et referma dix fois la petite porte et la croisée qui donnoient sur le chemin. Elle alloit sans cesse de l’une à l’autre, regardoit du côté par où Lindorf devoit venir, aussi loin que sa vue pouvoit aller.

Enfin elle l’aperçut, et son émotion fut si vive, qu’elle fut forcée de s’asseoir, et qu’elle ne put le saluer, lorsqu’il entra, que par une inclination de tête. Sa pâleur extrême, son abattement, la frappèrent. Il s’avançoit en tremblant et sans prononcer un seul mot. Quand il fut près d’elle, il mit un genou en terre, et, lui présentant un gros paquet cacheté et une boîte à portrait : « Recevez ceci, dit-il d’une voix basse et altérée, de la part d’un ami. Adieu, Caroline, adieu ; soyez heureuse. » Et lui ayant baisé la main deux fois avec passion et respect, il se releva, mit son mouchoir sur ses yeux, et sortit du pavillon.