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caroline

étoient confuses ; elle eut besoin de les rappeler, et de se recueillir un moment avant de recommencer sa lecture. Elle soupira profondément, essuya ses yeux, les porta encore sur cette boîte, les détourna tout de suite, releva son cahier, et continua avec une émotion qui s’augmentoit à chaque ligne.

« J’étois dans ma dix-neuvième année quand le comte vint à Ronebourg. Malgré la différence de nos âges et de nos positions, il me prévint par les offres et l’assurance d’une amitié, dont je fus d’autant plus flatté, que j’avois précisément alors le plus grand besoin d’un ami. Mon cœur brûloit de s’épancher avec quelqu’un qui pût me comprendre. J’aimois avec fureur… Mais non, non, je n’aimois pas ; ce seroit profaner ce mot, et j’ai trop appris depuis à connoître le véritable amour, pour le confondre avec ce que j’éprouvois.

» Je désirois avec passion, avec éga-