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caroline

de mon âme, le désordre où je suis, et le peu de temps que j’ai, ne me permettent pas ce travail. Je craindrois d’ailleurs d’affoiblir la vérité en retranchant la moindre chose, en cédant au désir de vous laisser ignorer à quel point je fus coupable envers le plus sublime des mortels. Lisez donc cet écrit tel qu’il fut tracé dans le temps même avec l’unique but de graver dans ma mémoire, et mes remords, et le souvenir de mon crime. J’étois loin de prévoir qu’il pût servir un jour à le réparer, et à en faire la plus cruelle expiation… Ô Caroline… Caroline !… il est donc vrai que vous allez avoir le droit de me haïr, que je vous le donne moi-même, que je vais détruire ces sentimens qui m’avoient fait oublier combien j’en étois peu digne ! Le seul titre d’ami de Caroline me rendoit fier de mon existence, anéantissoit pour moi le passé. L’ai-je donc perdu sans retour, ce titre si cher, si précieux ?… Non, non, je vais au contraire commencer à le mériter, en