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caroline

jeune de quelques années, étoit bien plus encore pour moi. Je ne pouvois me séparer d’elle un instant, ni quitter la ferme du bon Johanes.

» Il fallut m’éloigner cependant de cette famille qui m’étoit si chère ; et lorsqu’on m’envoya dans une université, je versai bien autant de larmes en me séparant de Christine, de Johanes, et surtout de ma chère petite Louise, qu’en quittant la maison paternelle.

» J’obtins la permission d’emmener Fritz avec moi, et de me l’attacher pour toujours. J’ignorois alors que ce garçon avoit l’âme aussi vile, aussi basse que ses parens l’avoient honnête, ou plutôt le germe de ses vices ne s’étoit point encore développé. Je le voyois actif, intelligent, fidèle, zélé pour mon service et pour mes intérêts ; il étoit fils de ma nourrice, frère de Louise. Que de titres pour l’aimer et lui accorder toute ma confiance ! Aussi fut-il plutôt avec moi sur le pied d’un ami, que sur celui d’un domestique.