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de lichtfield.

» Quelques années de séjour à Erlang affoiblirent beaucoup le souvenir de la petite ferme de Johanes et des plaisirs de mon enfance. Ils se renouveloient cependant quelquefois par les lettres que Fritz recevoit de sa sœur, et qu’il me montroit. Il y avoit toujours un petit article si tendre pour son jeune maître ; elle lui recommandoit si fort de l’aimer, de le bien servir ; elle lui demandoit avec tant d’empressement de mes nouvelles, que j’étois attendri en les listant, et que j’éprouvois une véritable impatience de revoir celle qui les écrivoit.

» Fritz en reçut une qui lui apprenoit la mort de leur mère, ma bonne et chère Christine. Louise étoit désespérée. Elle peignoit sa douleur avec une énergie si forte et si naïve, que le cœur le plus dur en auroit été touché. Je pleurai sincèrement celle qui, depuis ma naissance, m’avoit prodigué les soins les plus tendres ; je la pleurai plus que Fritz, et je fus moins vite consolé.