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caroline

Je me suis rappelé depuis, qu’un jour que je lui parlois de mes regrets sur la mort de sa mère, il lui échappa de me dire : Vous pourrez voir Louise bien plus librement.

» Si j’avois eu plus d’âge et d’expérience, ce seul mot m’auroit dévoilé son odieux caractère ; mais j’avois encore cette précieuse innocence qui ne laisse pas même soupçonner le mal, et je n’y fis alors aucune attention.

» Peu de temps après je fus rappelé dans ma famille. Je revins à Ronebourg quelques mois avant l’arrivée du comte, et dès le lendemain je courus à la ferme de Johanes, accompagné de Fritz. Grand Dieu ! que devins-je en revoyant Louise ! et quel changement inoui quelques années avoient apporté à sa figure et à l’impression qu’elle me fit ! Jamais je n’avois rien vu d’aussi beau. Elle étoit en deuil. Son corset noir marquoit sa taille charmante, et faisoit ressortir sa blancheur ; l’émotion et le plaisir animoient son teint des