pour attiser le feu dont j’étois dévoré, et n’y réussit que trop aisément.
» N’est-il pas vrai, monsieur, me disoit-il, que Louise est devenue bien jolie ? Quel dommage, si quelque malheureux manant possédoit tant de charmes ! Tenez, je crois que j’aimerois mieux la voir maîtresse d’un brave seigneur comme vous, que la femme d’un rustre qui ne sentiroit pas ce qu’elle vaut.
» Ce propos et d’autres semblables ne me révoltèrent pas comme ils l’auroient fait sans doute avant que j’eusse vu Louise. La seule idée de la posséder, n’importe à quel titre, me transportoit. J’avalois chaque jour, à longs traits, le poison qui corrompoit mon foible cœur ; il ne s’en passoit point que je n’allasse à la ferme, sous le prétexte de la chasse, et toujours j’y étois bien reçu, et par Johanes et par sa fille lorsqu’ils étoient ensemble. Dès que j’arrivois, Louise couroit à la laiterie ;