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de lichtfield.

elle m’apportoit elle-même un grand vase rempli de lait ; elle y coupoit du pain bis ; elle en mangeoit quelquefois avec moi. Le bon Johanes me racontoit ses anciennes campagnes, en vidant sa bouteille de bière ; je feignois de l’écouter, tandis que je dévorois sa fille des yeux ; et je sortois toujours plus passionné.

» Si je la trouvois seule, ces attentions si touchantes, cet air de plaisir et d’amitié, faisoient place à l’embarras le plus marqué. Elle commençoit des phrases qu’elle n’achevoit pas ; elle avoit quelquefois l’air émue, attendrie. Alors je ne me possédois plus, je m’approchois d’elle avec transport, je hasardois de petites libertés, je lui rappelois les jeux de notre enfance : mais elle me repoussoit avec un ton si ferme, si sérieux, si décidé, qu’elle m’imposoit malgré moi, et que je n’osois aller plus loin.

» De retour chez moi, je me plaignois à Fritz de la réserve de sa sœur ;