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caroline

je le conjurois de la voir, de lui parler en ma faveur, de l’engager à me montrer plus d’amitié, de confiance. Il rioit. Il m’assuroit que j’étois aimé, passionnément aimé ; qu’il le savoit bien, et que l’embarras même de Louise dans nos tête-à-tête en étoit la preuve. Mais ces jeunes filles, disoit-il, qui, dans le fond, ne demandent pas mieux que de céder, veulent au moins avoir une excuse.

» Enhardi par cette espérance, je revolois à la ferme. Si Johanes y étoit, on me recevoit avec toutes sortes de grâces ; s’il n’y étoit pas, je retrouvois le même embarras, et, si je devenois pressant, la même résistance. Cette conduite me désespéroit ; et mon amour en augmentoit au point qu’il ne connoissoit plus de bornes.

» J’étois dans cet état de trouble et d’effervescence quand le comte vint à Ronebourg. Je ne voyois plus que Louise ; je n’existois plus que pour elle. La posséder ou mourir étoit le cri con-