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tinuel de mon cœur. Il ne fallut pas moins que la réputation de sagesse que le comte s’étoit acquise, pour m’empêcher de lui faire, dès les premiers jours, l’aveu de ma passion. Je redoutois d’abord son excessive raison ; mais il savoit si bien cacher une supériorité qu’il avoit l’air d’ignorer lui-même ; son âme, en même temps qu’elle étoit grande et forte, étoit si douce et si sensible ; il joignoit avec tant de grâces la vivacité de la jeunesse à la solidité de l’âge mûr, que celle-ci paroissoit à peine, et finit par ne plus m’effrayer. J’osai compter sur son indulgence, et un jour qu’en me promenant avec lui il me railloit sur mon air absorbé, rêveur, j’osai lui en dévoiler la cause, et lui ouvrir mon cœur. Je n’omis aucun détail ; j’y mis sans doute la chaleur et le feu dont j’étois pénétré. Il me parut que Walstein m’écoutoit avec beaucoup d’émotion et d’intérêt. Quand j’eus fini il me serra dans ses bras. Ô mon jeune et sen-