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caroline

sible ami, me dit-il, que de chagrins vous vous préparez ! Il alloit ajouter quelques conseils ; je l’interrompis. Cher comte, ce ne sont pas des conseils que je vous demande ; c’est de la pitié, c’est de l’indulgence ; c’est de consentir à voir ma Louise, et d’attendre à me juger, que vous l’ayez vue ; et en disant cela je l’entraînai du côté de la ferme.

» Louise étoit seule et fort triste ; il me parut même qu’elle avoit pleuré, mais elle n’en étoit que plus intéressante. À notre arrivée, la surprise de voir un étranger couvrit son beau visage d’une rougeur modeste ; sa timidité, son embarras ajoutoient à ses charmes. Cependant elle se remit, et nous reçut aussi bien qu’il fut possible. J’observois qu’elle regardoit souvent le comte, et qu’il lui échappoit des soupirs qu’elle s’efforçoit d’étouffer. Lui la suivoit des yeux avec étonnement, et les jetoit ensuite sur moi avec une expression de douleur.