depuis plusieurs jours. J’étois consumé par une fièvre ardente, suite ordinaire des violentes passions. Je ne dormois plus ; je mangeois à peine. Mon changement excessif alarmoit mes parens ; mais je leur assurai que quelques jours de retraite et de tranquillité suffiroient pour me rétablir. Le comte, qui donna les plus grands éloges à ma fermeté, me quittoit peu. Tant qu’il étoit auprès de moi, il animoit mon courage, il soutenoit ma raison, et je sentois moins le tourment de ma passion ; mais dès qu’il s’éloignoit, elle reprenoit tout son empire ; et Fritz y ajoutoit de nouvelles forces.
» Il s’étoit bien aperçu, par quelques mots qu’il avoit entendus, et par ceux qui m’échappoient à moi-même, que le comte combattoit mon amour. Il en travailloit avec plus d’ardeur à l’exciter ; et il ne falloit pas pour cela de grands efforts. Dès que j’étois seul avec lui je ne pouvois m’empêcher de lui parler de sa sœur. Il m’assuroit qu’elle gémissoit