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caroline

sûrement encore que Louise aime ailleurs. — Elle aime ailleurs ? répétai-je avec fureur ; si je le croyois… Mais non, Louise est l’innocence même ; elle ne sort jamais de chez elle ; elle ne voit que son père, son frère et moi. — Et un jeune paysan du village, reprit le comte, qu’on nomme Justin, je crois. On assure que Louise et lui s’aiment depuis trois ans, et que Johanes ne veut point consentir à ce mariage, parce que Justin est pauvre ; mais s’il est vrai qu’il soit aimé…

» Je ne pouvois plus rien entendre ; mon sang bouillonnoit dans mes veines ; la jalousie et toutes ses fureurs pénétroient mon âme. J’interrompis le comte, en l’arrêtant par le bras, et, fixant sur lui des yeux égarés : Puis-je savoir, comte, de qui vous tenez ces informations ? Il me paroît bien étonnant… Ma physionomie étoit si renversée, et le son de ma voix si altéré en prononçant ce peu de mots, que le comte en fut alarmé.