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de lichtfield.

» Au nom du ciel, Lindorf, me dit-il en m’embrassant, cher Lindorf, calmez-vous, remettez-vous : il se peut que l’on m’ait trompé. Je m’en informerai ; je le saurai, je vous le promets. Avant qu’il soit peu, je vous apprendrai de qui je tenois ces détails, et s’ils étoient fondés. Ô mon ami ! ajouta-t-il avec le ton le plus pénétré, vous déchirez mon cœur. Il n’est rien que je ne fisse pour vous rendre à vous-même et au bonheur. — Au bonheur ! dis-je à demi-voix, il n’y en aura jamais pour moi sans Louise.

» Cependant les amitiés du comte, sa manière affectueuse et tendre, m’avoient un peu remis : je pensai qu’en effet il étoit mal informé. Je connoissois ce Justin, et jamais je n’avois eu sur lui le moindre soupçon. C’étoit un pauvre orphelin dont le seul avantage étoit une assez jolie figure, cachée sous des haillons grossiers, qui attestoient son extrême pauvreté. Élevé par charité dans la paroisse, on lui avoit confié la