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caroline

garde de tous les troupeaux du village. J’avois entendu parler souvent de la dextérité, de l’honnêteté, du zèle, et même du courage avec lesquels il remplissoit son petit emploi. Tous les animaux prospéroient par ses soins. Il savoit les guérir de la plupart de leurs maladies ; il savoit aussi les défendre, et il avoit déjà tué plusieurs loups qui attaquoient son troupeau. On vantoit encore ses talens. Il faisoit de jolis ouvrages en bois et en osier, seulement avec son couteau ; il avoit la voix très-belle, et jouoit très-bien du flageolet sans avoir jamais eu d’autres maîtres que la nature, les oiseaux, et peut-être l’amour. Souvent en chassant je m’étois arrêté pour l’écouter ; mais jamais il ne m’étoit entré dans l’esprit que le pauvre berger Justin pût être mon rival. Louise me paroissoit si fort au-dessus de lui ! Il est vrai que je la voyois au-dessus de tout. En y réfléchissant alors, je pensai que dans le fait leur naissance étoit bien égale : un peu plus de for-