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caroline

mon agitation étoit excessive. Je me promenois à grands pas dans ma chambre, ne sachant ce que je devois penser de la conduite du comte. Mon estime pour lui étoit si bien établie dans mon âme, que je ne pouvois me persuader une telle perfidie. Ces discours si tendres, si persuasifs, cette éloquence si touchante de la véritable amitié, n’auroient donc été que des piéges pour m’éloigner de Louise, pour m’enlever cet objet adoré.

» Je ne pus soutenir cette horrible idée. Elle me parut absolument incompatible avec le caractère reconnu du comte ; et regardant Fritz avec colère, je lui ordonnai de sortir de ma présence, et de ne plus outrager mon ami par des impostures auxquelles je n’ajoutois aucune foi. Je fis plus ; je voulus aller joindre le comte, et lui parler sans détour de cette infâme accusation, sûr que d’un seul mot il effaceroit chez moi jusqu’à la moindre trace du soupçon.