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de lichtfield.

» J’y courus ; mais je trouvai avec lui mon père, qui ne nous quitta pas de la soirée, et devant qui une telle conversation étoit impossible. La leur rouloit sur les devoirs de la société, sur les mœurs, sur le véritable honneur. Le comte dit à ce sujet des choses si fortes et si bien senties ; il exprima avec tant d’énergie la façon de penser la plus noble et la morale la plus pure, que j’eus honte intérieurement d’avoir pu douter un instant de sa vertu, et que je me promis même de ne point lui en parler. Il me sembloit que ce seroit un nouvel outrage, et que, vis-à-vis d’un homme tel que lui, c’étoit moi qui aurois à rougir de mes soupçons. Il falloit, d’ailleurs, jusqu’à un certain point, le compromettre avec mon domestique, et cela ne se pouvoit pas ; je résolus donc me taire, et de faire taire Fritz, qu’un faux zèle pour mes intérêts pouvoit avoir égaré.

» Mais tout en repoussant de mon cœur ce qu’il m’avoit dit sur le comte,