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caroline

je n’en étois pas moins décidé à profiter de sa bonne volonté pour l’enlèvement de sa sœur. J’admirois les principes du comte sans me sentir la force de les imiter, ou plutôt je m’aveuglois sur les suites de cette action. J’imaginois consoler, à force de bienfaits, le vieux Johanes. Insensé que j’étois ! comme si l’on pouvoit dédommager un père de la perte de sa fille, et d’une fille telle que Louise ! Mais je ne raisonnois plus, je n’étois plus à moi-même. Funeste et terrible effet des passions ! Qu’elles sont redoutables, puisqu’elles peuvent égarer à ce point un cœur fait pour être honnête et vertueux !

» Le lendemain matin, le comte vint chez moi avant que je fusse levé : il étoit habillé et botté. — Lindorf, me dit-il, je vais jusqu’au village pour voir mon sergent et mes hommes. Je ne vous propose pas de venir avec moi, parce que je veux passer à la ferme de Johanes, à qui j’ai à parler. Après votre scène d’hier, j’imagine que vous et