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de lichtfield.

par l’homme que je respectois, que je vénérois le plus au monde, par l’ami à qui je m’étois confié !

» Je renvoyai Fritz. Un mouvement presque machinal me fit saisir mes pistolets ; je les chargeai à balle sans remarquer qu’ils l’étoient déjà, et, les prenant avec moi, je sortis dans une fureur qui tenoit de l’égarement, et dans quelques minutes je me trouvai près de la ferme. Il falloit passer au-dessous du jardin ; la haie dans cet endroit étoit basse. J’aperçus en effet le comte, se promenant avec l’air de l’impatience, et regardant sans cesse du côté de la porte du jardin, opposé à celui où j’étois. Je n’avois pas eu le temps de penser à ce que je devois faire, que cette porte s’ouvre, et que je vois Louise, la timide et modeste Louise, à qui jamais je n’avois pu dérober la moindre faveur, courir les bras ouverts au-devant du comte, se précipiter dans les siens, lui baiser les mains, le laisser presser les siennes, arrêter sur