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caroline

Après ses emplois et sa fortune, elle étoit certainement ce qu’il aimoit le plus au monde ; mais ces deux objets passoient avant tout. D’ailleurs il croyoit de bonne foi, et d’après sa façon de penser, assurer le parfait bonheur de Caroline par un mariage aussi brillant, fait directement sous les auspices du roi et par l’ordre du roi. Très-décidé donc à le terminer de gré ou de force, il voulut d’abord essayer d’y parvenir par la douceur et le sentiment. Il prit les deux mains de sa fille dans les siennes, et, les serrant tendrement : Caroline, lui dit-il, aimes-tu ton père ? — Oh ! si je l’aime ! répondit-elle en embrassant ses genoux ; qu’il me permette de passer ma vie auprès de lui, il verra jusqu’où peut aller l’amour et le respect de sa reconnoissante fille. — Je n’en doute pas, mais j’exige une autre preuve. — Tout, tout ce que vous voudrez, mon père, excepté… Elle alloit dire d’épouser le comte ; mais le baron reprenant un instant la sévérité paternelle,