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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/66

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caroline

maître de disposer d’elle à votre gré ; mais si elle persiste dans son refus, vous pouvez la reconduire dans sa retraite et y rester avec elle : un père aussi foible ne peut être un bon ministre… Il me tourna le dos et ne m’a pas redit un mot de la soirée. Jugez de mon état ; je n’ai que trop vu que l’on soupçonnoit ma disgrâce prochaine, et qu’on disposoit déjà de mes emplois. Oh ! ma fille, ma fille ! seras-tu donc la cause du malheur, que dis-je du malheur ! de la mort certaine de celui qui t’a donné le jour ?

La sensible et tremblante Caroline, plus effrayée cent fois de cette idée qu’elle ne l’avoit été de l’aspect du comte, se précipita en frémissant dans les bras de son père : Oh ! j’obéirai, j’obéirai, répétoit-elle en sanglottant ; j’épouserai le comte à l’instant même, s’il le faut. Causer votre mort ! moi, grand Dieu ! Oh, mon père ! courez vite ; allez dire au roi que je ferai tout ce qu’il voudra, pour qu’il vous rende