Aller au contenu

Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
caroline

il ne savoit trop que dire lui-même à un enfant qu’il ne connoissoit point, dont il n’étoit point connu, et qui ne voyoit sans doute en lui qu’un tyran odieux. Espérant tout du temps et des progrès de la raison, il prit patience, et repartit pour Pétersbourg bientôt après son mariage.

Chargé, dans la suite, d’affaires très-importantes qui l’occupèrent entièrement, peut-être alors regarda-t-il comme un bonheur la fantaisie de sa jeune épouse, qui la plaçoit tout naturellement, pendant son absence, comme il l’auroit désiré sans oser l’exiger.

Il en résulta que Caroline n’eut pas passé trois mois à Rindaw, que tout ce qui lui étoit arrivé lui parut un songe dont elle se souvenoit à peine, ou plutôt auquel elle ne pensoit jamais. Elle éloignoit elle-même de son esprit toute idée relative au comte ; et personne ne cherchoit à le lui rappeler. Son amie s’étant aperçue qu’à ce nom seul, un nuage obscurcissoit ses traits,