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caroline

cision du comte ; et je voulois qu’elle fût absolument libre. C’étoit assez, c’étoit trop même de lui avoir avoué que tout le bonheur de ma vie en dépendoit.

» J’attendois sa réponse avec la plus vive agitation. Quelquefois, me reposant sur sa générosité, sur ses principes, mon cœur se livroit au plus doux espoir ; d’autres instans, connoissant combien il tenoit à son projet, et son extrême tendresse pour sa sœur, je craignis qu’il n’exigeât le sacrifice de mon amour ; et ce sacrifice, auquel je m’étois engagé, me paroissoit au-dessus de mes forces. Mais quel étrange effet de l’espèce de sentiment que vous m’aviez inspiré ! Ce n’étoit qu’éloigné de vous que j’éprouvois cette horrible perplexité : dès que je vous revoyois, elle disparoissoit. Je retrouvois auprès de vous cette même tranquillité, ou plutôt cet état de bonheur et de jouissance continuelle qui ne laisse place à aucune inquiétude. Il me sembloit