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caroline

y étoit. Je tremblois si fort en la recevant des mains du facteur, qu’il s’en aperçut, et crut que je me trouvois mal. Je lui demandai une chambre pour la lire, et quand j’y fus seul, je restai près d’un quart d’heure sans oser l’ouvrir, et même sans le pouvoir. Comment rendre raison de cette émotion excessive ? Ne devois-je pas connoître le plus généreux des hommes et le meilleur des amis ?

» Ah ! sans doute c’étoit un pressentiment de la vérité, et de mon crime involontaire. Enfin, cette émotion s’accrut au point que je ressortis sans avoir ouvert ma lettre ; résolu de ne la lire que chez moi. Je m’éloignai de suite ; mais je n’eus pas fait cent pas hors de la ville, que je descendis promptement de mon cheval, l’attachai à un arbre, et que je rompis ce cachet qui renfermoit mon arrêt, résolu, s’il m’étoit contraire, à ne vous revoir jamais. Mon projet, dans ce cas-là, étoit de partir sur-le-champ, de joindre le