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de lichtfield.

en noir. Plus elle relit actuellement cette lettre qui lui paroissoit si tendre, si flatteuse, plus elle est convaincue que c’est la générosité seule du comte qui l’a dictée, et qu’il n’a d’autre désir que de vivre loin d’elle, sans cependant gêner sa liberté. Quelle apparence que, sans ce motif, il voulût renoncer à sa patrie, à ses emplois, à la cour, à la position où le plaçoit la faveur et l’amitié de son souverain ? S’il avoit le moindre désir de vivre avec elle, n’en auroit-il pas fait au moins la tentative ? N’auroit-il pas cherché à la voir, à pénétrer ses sentimens actuels, avant de prendre cette résolution cruelle ? Mais pouvoit-il en douter après la lettre qu’il a dû recevoir ; et cette femme qui l’assuroit de sa haine, n’a-t-elle pas dû lui en inspirer une éternelle ?… Ah ! dit-elle en posant tristement la lettre et le portait, j’ai eu un instant d’illusion et presque de bonheur ; il faut y renoncer. Le bonheur n’est pas fait pour moi ; et je ne puis m’en prendre qu’à