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de lichtfield.

Oui sans doute il étoit là ; mais il ne savoit pas encore si tout ce qui se passoit n’étoit pas un songe, une illusion. Caroline à Ronebourg, et paroissant y être amenée avec violence, puisqu’elle y arrivoit mourante ! Le désespoir et la fuite de Lindorf, qui avoit disparu, étoient peut-être encore un plus grand sujet de surprise. Ces mots retentissoient à l’oreille du comte : C’est votre Caroline ; c’est la mienne ; c’est celle que j’adorai ! Quoi ! ce seroit Caroline que Lindorf aimoit, dont il étoit aimé !… Il cherchoit encore à en douter, à se persuader que son ami, égaré par la douleur, s’étoit trompé. Mais malgré le changement que deux années avoient apporté à la figure de Caroline, et celui que lui causoit son état actuel, il ne put long-temps la méconnoître.

Après l’avoir regardée quelques instans en silence, il se jette à ses pieds, prend ses mains, et les presse avec ardeur contre ses lèvres. Elle entr’ouvre les yeux, ne se rappelle distinctement