Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
de lichtfield.

imagination lui présentoit Lindorf ; elle prenoit le comte pour lui, le repoussoit loin d’elle, le conjuroit de s’éloigner, lui reprochoit d’être la cause de tous les tourmens de sa vie. D’autres fois, croyant parler au comte, elle disoit du ton le plus tendre : Ô toi que j’ai connu trop tard pour mon bonheur, je t’aime, je t’aimerai toujours ! Tu me fuis, tu ne veux plus me voir, mais je te suivrai partout.

Le comte, prévenu, prenoit pour lui ce qu’elle adressoit à Lindorf, et pour Lindorf ce qui le regardoit lui-même, mais n’en étoit pas moins consterné de la voir aussi mal. Il ne la quitta point de toute la nuit, après avoir obtenu de la chanoinesse de coucher dans un autre appartement. Caroline passa cette nuit dans la même agitation et dans des rêveries continuelles. Dès la pointe du jour, le comte envoya chercher un médecin dans la ville la plus prochaine, et fit partir un coureur en toute diligence, pour amener de Berlin le médecin de