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caroline

Le comte, à ce sujet, entra dans quelques détails avec moi. Par délicatesse il n’avoit pas voulu jusqu’alors m’en parler ; mais je l’en sollicitai.

» Le lendemain de la visite que vous avions faite ensemble à la ferme, effrayé de la violence de ma passion, le comte rêvoit aux moyens d’en détourner les terribles effets, lorsque son sergent lui présenta un jeune homme qu’il venoit d’engager : c’étoit le pauvre Justin. Sa bonne mine et sa profonde tristesse frappèrent et intéressèrent le comte ; il le questionna sur les motifs qui le forçoient à se faire soldat. Le naïf Justin ne chercha point à les déguiser. Passionnément amoureux de Louise depuis plusieurs années, mais n’ayant aucune espérance ; rebuté par Johanes, menacé par Fritz, il vouloit mourir, mais en brave garçon, et en combattant les ennemis de son roi. Également, disoit-il, je mourrai de douleur de voir Louise à un autre, et ce malheur ne me manqueroit pas, car son