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de lichtfield.

père a juré qu’elle ne seroit jamais à moi. Le comte lui demanda s’il étoit aimé autant qu’il aimoit. — Eh ! mon Dieu, sans doute, répondit-il : sans cela, l’aimerois-je comme je fais depuis si long-temps ? Pauvre chère Louise ! je l’ai vue hier pour la dernière fois de ma vie, et nous avons tant pleuré, que nous étions pour en mourir. Je me rappelai, me dit le comte, que lorsque vous me menâtes chez Louise, sa tristesse nous frappa… Mais j’espère, ajouta Justin, que, lorsque je serai parti, elle sera moins malheureuse. Son père, et surtout son frère, la maltraitent tous les jours à mon sujet ; c’est pour cela que j’ai voulu m’éloigner absolument. Je souhaite qu’elle se console ; pour moi je ne me consolerai jamais…

» Le comte fut extrêmement touché, et conçut à l’instant le généreux projet de faire le bonheur de ces deux jeunes amans, en me sauvant du plus grand des dangers. Il ne dit rien à Justin, voulant premièrement parler à