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caroline

heur éternel, pourquoi il céderoit celle sur qui il avoit tant de droits, et sans laquelle il ne pouvoit supporter la vie. Elle commence, pensoit-il, à s’accoutumer à moi ; je viens même, je viens de voir dans ses yeux l’expression la plus tendre. Je sais bien que ce n’est et ne peut être que celle de l’amitié, de l’estime, de la reconnoissance ; mais dans une âme comme la sienne, ces sentimens ne peuvent-ils payer et remplacer l’amour ? Me suis-je jamais flatté d’en inspirer d’autres ? ne m’accorde-t-elle pas au-delà de ce que je pouvois espérer ? Oui ; mais si je sais, à n’en pas douter, qu’un autre est l’objet de son amour, que son cœur, que ses affections les plus tendres appartiennent à Lindorf…

Hélas ! savoit-il seulement si Lindorf existoit encore ; s’il n’avoit pas été la victime de cette passion que le comte comprenoit trop bien, pour ne pas tout craindre de ses effets ? Peut-être Lindorf