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caroline

le comte sans un renouvellement de douleur et de remords. Cette physionomie si belle, cette démarche si noble, ce regard qui exprimoit tant de choses, me revenoient sans cesse à l’esprit. Pour lui, il ne paroissoit rien regretter, et lorsqu’il me voyoit attacher en soupirant mes regards sur ses cicatrices, quelquefois même me prosterner à ses pieds par un mouvement involontaire : Bon jeune homme, me disoit-il en me relevant, et me serrant dans ses bras, un ami tel que tu le seras toujours pour moi, un cœur comme le tien mérite bien d’être acheté par la perte d’un œil. Peut-être si j’avois une maîtresse, serois-je moins philosophe ; mais, tel que je suis, je ne désespère point de trouver une femme assez raisonnable pour m’aimer. C’est l’amour qui fut la cause de mon malheur, c’est à lui à le réparer !… Ah ! sans doute il le réparera. Le ciel est juste, il t’a donné Caroline, et je serai seul malheureux.