» Avant de me séparer du comte, je le suppliai de me donner son portrait tel qu’il étoit lorsqu’il vint à Ronebourg. Je savois que ce portrait existoit ; je voulois l’avoir pour me retracer plus fortement encore, et ma faute, et sa générosité. Il me le refusa absolument. Non, mon cher ami, me dit-il, vous n’aurez mon portrait ni d’une manière ni d’une autre. Oubliez et ma figure passée, et ma figure actuelle, comme je les oublie moi-même ; ne pensez qu’à mon cœur : il vous est attaché pour la vie, et sera toujours de même. Je n’insistai pas, parce que je le vis décidé, et qu’il me restoit une ressource.
» La jeune comtesse Matilde possédoit un portrait de son frère en médaillon ; mais depuis son accident elle ne le portoit plus du tout, et lui-même, je crois, l’avoit oublié. Elle me l’avoit montré une fois ; je l’avois trouvé parfait. J’obtins d’elle, sans beaucoup de peine et sous le sceau du secret, de