Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
caroline

l’absorboit en entier, je n’existois plus qu’à Rindaw, et j’oubliois le reste de l’univers ; quand, en vous quittant le soir, je n’emportois d’autre idée que celle de vous revoir le lendemain, et qu’elle suffisoit à mon bonheur ! Je n’éprouvois ni cette ardeur inquiète et tumultueuse que m’inspiroit Louise, ni cette tranquillité monotone, ce repos du cœur et des sens que je trouvois auprès de Matilde. Délicieusement agité, un charme inconnu sembloit s’être répandu sur toute mon existence ; rien ne m’étoit indifférent ; vous embellissiez tout à mes yeux. Je portois votre idée sur chaque objet, ou plutôt je ne pensois plus qu’à vous seule au monde. Pendant deux mois, la seule lettre que j’écrivis, fut pour demander la permission de passer l’été dans ma terre. Je l’obtins, et je crus que ce temps dureroit éternellement. J’oubliai le passé, l’avenir ; j’oubliai tout, excepté Caroline. Mais pourquoi chercher à redoubler mes tourmens par la peinture de mon