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ANGLAIS — FRANÇAIS

« Que pensent-ils ? Nous ne savons : leur visage est fermé. Les connaissons-nous ? Fort mal ; leur langue est si étrangère et si exigeante ; leur pays, si proche, est si lointain. Devant nous, ils semblent gênés, et nous nous sentons devant eux provoqués à être agressivement nous-mêmes. En vérité, nous ne les comprenons pas ; leur âme nous est plus distante que celle des autres peuples.

« Comme nation, ils nous inspirent des sentiments mêlés ; des images contradictoires se lèvent en nous. Le fond héréditaire de méfiance n’a pas disparu, surtout en certaines provinces ; les vagues souvenirs de la guerre de Cent ans, de la longue lutte maritime et coloniale, traînent à l’arrière-plan des mémoires. De l’estime, cependant, de l’admiration pour une race forte, un peuple vigoureusement pratique, qui a fait plusieurs choses capitales : le régime parlementaire, le plus vaste empire du monde, la grande industrie. Un prestige entoure parmi nous la figure traditionnelle de l’Anglais, original, flegmatique, « gentleman ». Nous sentons quelque chose de sûr et de ferme dans le caractère de ce peuple ; il est viril et majeur ; il est capable de se conduire. »

Mais quittons cette prose nourrie de sentiments où deux peuples se mesurent, pour nous élever jusqu’aux sérénités de la psychologie où se détache le type pur.




L’Anglais est avant tout un homme d’action : il tend vers l’action « comme l’abeille va à la fleur ».