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LES POISSONS

rement restreint, chaque jour les places sont tirées au sort. Celui qui gagne un bon numéro en dispose comme il l’entend pour la journée du lendemain. Ceux que le sort n’a pas favorisés se retirent dans des kiosques voisins d’où ils peuvent assister aux exploits de leurs compétiteurs heureux.

Je ne sais trop combien coûte la carte d’entrée au club de Cuttyhunk, mais je sais que le West Island Club, qui ne possède que cinq acres dans l’île, exige $1,000 de denier à Dieu, de la part de tout membre nouveau. Leur nombre est limité à trente.

Dans l’île de Cuttyhunk, et généralement le long des côtes des États-Unis, où l’on pêche le bars, d’une hauteur considérable, le pêcheur se munit d’une perche de neuf pieds de longueur, avec un moulinet multiplicateur, portant de 150 à 300 verges de fil de soie ou autre. De cale, il n’en faut point ou presque pas ; l’hameçon préférable est un fort limerick sans œillets ; pour esches, on emploie de la queue d’anguille, dans la rivière Susquehanna ; à West Island, No Man’s Land, Block Island et aux Vineyard Islands, le manhaden et la queue de homard réussissent parfaitement bien ; à Hell Gate et en d’autres endroits voisins de New-York, on donnera la préférence aux crevettes, aux crabes, aux encornets, à l’annélide.

Dans un article fait au repos, donnant satisfaction réelle au lecteur édifié d’avance sur le sujet, Francis Endicott, un auteur américain fort distingué, écrivait ce qui suit :

« Les plus grosses pêches à la ligne des plus grosses pièces de bars dont l’histoire fasse mention, ont été faites du haut des piliers en fer construits par Thomas Winans, à Newport, Rhode-Island. Au cours de trois mois — juillet, août et septembre — lui et son neveu, Thomas Whistler, ont capturé cent vingt-quatre bars, pesant 2,981 livres, donnant un poids moyen de 23 livres. Le 30 septembre, les deux mêmes pêcheurs enlevèrent, à la ligne, douze bars pesant ensemble quatre cent soixante-dix-sept livres ; le neuvième jour du même mois, ils amenaient à terre deux cent cinq livres du même poisson ; pendant que le même jour, Mademoiselle Céleste Winans en capturait quatre, pesant séparément trente-cinq, trente-neuf, quarante-huit et cinquante-cinq livres.

« Est-il pêche plus royale que celle-ci ? Elle coûte cher, sans doute, mais elle n’en est que plus royale ; elle est vraiment millionnaire ! En tenant compte de la construction en fer supportant les deux plateformes, et d’autres dépenses incidentes, je ne doute pas que chaque livre de bars ait coûté au moins cinq dollars à M. Winans. N’achetait-il pas par centaines, ses lignes à bars — des lignes bien simples en apparence — au prix de $2.50 la pièce ? Jamais une ligne ne lui servait deux fois : il