Page:Montpetit - Souvenirs tome II, 1949.djvu/32

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prête aux indiscrétions de l’interview. Il nous dit combien l’accueil des Américains et leurs attentions l’ont charmé. La délégation a été reçue aux États-Unis avec un grand luxe ; « maintenant, ajoute-t-il, nous sommes au Canada et ce n’est plus la même chose : nous rentrons en France ».

Étienne Lamy se tient debout dans le couloir. Il évoque devant quelques personnes le souvenir de son ami Ferdinand Brunetière. Mais quelqu’un l’avertit que nous venons de traverser la frontière ; et tout de suite, avec simplicité, il murmure : « Permettez que je salue le sol du Canada ». Instinctivement. les Canadiens qui l’entourent se découvrent devant la terre natale et devant le geste si français de l’académicien.

Saint-Jean. Le train stoppe. Il fait déjà nuit. Le quai de la gare est bondé ; la population a répondu, empressée et vibrante, à l’invitation du sénateur Dandurand. La musique attaque la Marseillaise et la foule crie : « Vive la France » ! C’est l’accueil, très simple mais si spontané, du Canada français. Les délégués sont fort touchés. Les voix s’unissent pour chanter : « Jadis la France