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SOUVENIRS

temps-là, se livrait à un enseignement allant de la philosophie aux sciences économiques, en passant par les lettres et les beaux-arts. L’incendie la transforma en un amphithéâtre destiné aux mêmes fins où l’Université reçut, à leur passage, des visiteurs de marque : toute une gamme, du Maréchal Foch à la Reine de Roumanie ou à des académiciens parés de palmes. J’y pense avec émotion parce que j’y ai subi les transes du baptême professoral.

***

Le 24 mars 1920, j’étais nommé secrétaire général, ad probationem d’abord, par le Comité de la Charte, puis définitivement par le Conseil universitaire, organisme que venait de constituer la nouvelle loi de l’Université de Montréal.

Je suis donc entré en fonctions au début d’avril de l’année 1920. Comme l’Université ne disposait que d’un immeuble incendié et temporairement hors d’usage, je n’avais pas de bureau. L’École vétérinaire m’offrit deux pièces riantes, dans son rez-de-chaussée de la rue De Montigny. C’était l’appartement qu’avait occupé Mgr Dauth au temps où il était vice-recteur de Laval. Au bout de quelques semaines, on m’invita à prendre possession de mon bureau de la rue Saint-Denis, ce qui était vraiment plus commode mais, pour quelques mois du moins, devait être beaucoup moins confortable.

Des murs encore endommagés par l’eau et la fumée, un grand pupitre dépaysé qui avait surtout pour mérite d’avoir appartenu à sir Adolphe Chapleau, ainsi que l’attestait une plaque d’argent, des chaises, des fauteuils dont l’un très profond et boutonné de cuivre ne laissait pas d’être accueil-